Le salon Milipol est la vitrine mondiale de la sécurité intérieure et des technologies de surveillance. Les délégations internationales s’y pressent. Les forces de l’ordre, les industriels et les décideurs politiques y découvrent les dernières innovations. Mais derrière cette effervescence, les risques d’espionnage industriel explosent.
À l’image du salon du Bourget, où contrats et démonstrations attirent autant les acheteurs que les espions, Milipol devient un terrain sensible. Les curieux photographient, questionnent, infiltrent. Les adversaires cherchent à capter des données stratégiques. Les incidents passés rappellent une vérité : chaque salon est une cible privilégiée.
Comme à chaque édition, le leader français du TSCM (contre-mesures de surveillance technique) International ICS était présent. Objectif : rencontrer ses partenaires, renforcer ses coopérations et partager son expertise en sûreté industrielle. Cette présence régulière illustre l’importance de ces salons pour le développement des relations stratégiques, mais aussi la nécessité d’une vigilance accrue.
Des menaces croissantes
Avec plus de 2.400 exposants et des délégations venues de 48 pays, le Bourget devient une cible idéale. Les curieux affluent. Les professionnels échangent. Le grand public observe. Mais certains cherchent à capter des informations stratégiques.
Le général Philippe Susnjara, chef de la DRSD, prévient : un salon d’armement peut devenir “un lieu de toutes les menaces”. Les chiffres confirment. Entre 2022 et 2023, plus de 50 entreprises stratégiques ont subi des tentatives d’espionnage, de cyberattaques, de cambriolages ou de sabotages. La hausse atteint 25% depuis 2021.
Les grandes entreprises de la BITD disposent de protections solides. Mais les TPE, PME et ETI restent vulnérables. Les sous-traitants concentrent 80% des attaques.
Des techniques de plus en plus sophistiquées
Les adversaires innovent. Ils posent des questions ciblées. Ils prennent des photos de maquettes. Ils volent des ordinateurs. Ils aspirent des données à distance. Ils installent des mouchards.
Les menaces viennent des concurrents économiques mais aussi des États. Même les alliés traditionnels observent discrètement.
Renseigner pour protéger
La DRSD sensibilise les entreprises avant chaque salon. Objectif : protéger les technologies sensibles et anticiper les tentatives d’ingérence. Sa devise est claire : “Renseigner pour protéger”.
Les consignes sont précises :
- Surveiller le stand en permanence.
- Filtrer les entrées.
- Éviter d’apporter un ordinateur.
- Garder son téléphone sur soi.
- Ne jamais donner de données trop précises.
- Prévoir une salle confidentielle pour les échanges.
- Modifier volontairement certaines maquettes.
Adapter les mesures aux enjeux
Chaque entreprise doit ajuster ses protections. Une ETI comme Aresia, qui fabrique des réservoirs de carburant pour le Rafale, n’a pas les mêmes risques qu’un géant comme Thales. Mais toutes doivent rester vigilantes.
Les signaux faibles s’additionnent. Avec l’intelligence artificielle, ils deviennent des signaux forts. Une donnée anodine peut révéler des performances techniques.
International ICS insiste : signaler au service DRSD tout événement, même mineur. Car une anomalie isolée peut s’intégrer dans un plan plus vaste.
Le cas Milipol : un terrain sensible
Le salon Milipol, dédié à la sécurité intérieure et aux technologies de surveillance, présente les mêmes risques. Les exposants dévoilent des innovations en cybersécurité, en protection des infrastructures et en technologies de défense civile. Les espions industriels y voient une opportunité unique.
Les menaces qui pèsent sur les salons spécialisés sont multiples. Elles vont du vol de données concernant les solutions de sécurité aux intrusions discrètes dans les systèmes de démonstration. Elles incluent également des approches ciblées auprès des sous-traitants, souvent plus vulnérables, ainsi que la collecte d’informations sensibles sur les forces de l’ordre et leurs équipements. Face à ces risques, les mesures de protection s’intensifient. Les organisateurs et les exposants renforcent la surveillance des stands, imposent des contrôles d’accès stricts, multiplient les actions de sensibilisation auprès des délégations et mettent en place des zones confidentielles pour sécuriser les discussions stratégiques.
Les salons comme le Bourget ou Milipol sont des vitrines technologiques. Mais ils sont aussi des cibles privilégiées pour l’espionnage industriel et l’ingérence étatique. La vigilance, la formation et la protection active restent les clés pour défendre la souveraineté nationale et préserver le potentiel scientifique et technique.
La présence régulière d’International ICS à ces événements illustre l’importance de bâtir des partenariats solides, tout en restant conscient des menaces invisibles.
Image : Milipol Linkedin