Depuis un certain temps, on observe une augmentation des allégations et des récits d’espionnage industriel en provenance de la Chine.
Le réseau de renseignement du parti communiste chinois est vaste et comprend plusieurs organes et institutions. Il englobe trois agences de renseignement militaire au sein de l’Armée de libération populaire, le Ministère de la Sécurité Publique qui est l’agence de police, et le Ministère de la Sécurité de l’État, selon l’expert Alex Joske, auteur de “Spies and Lies ». D’autres entités, comme le Département du travail de front uni, le Département international du Comité central du parti communiste et le Bureau des affaires taïwanaises, mènent également des activités de renseignement. Le Guoanbu, ou Ministère de la Sécurité de l’État (MSE), est l’agence de sécurité de la Chine responsable du renseignement extérieur. Créé en 1983 à la demande de Deng Xiaoping, le Guoanbu joue un rôle clé dans la collecte de renseignements économiques, industriels, technologiques et politiques, et a intensifié ses infiltrations depuis les années 2000. En plus des agents du MSE, des pirates informatiques mènent des cyberattaques.
Selon les informations de Washington, Pékin utiliserait des citoyens chinois vivant à l’étranger pour collecter des renseignements et voler des technologies sensibles. En janvier, Ji Chaoqun, un ingénieur chinois, a été condamné à huit ans de prison pour avoir transmis des informations sur des scientifiques américains susceptibles d’être recrutés comme sources d’information. Arrivé aux États-Unis en 2013 avec un visa étudiant, il a été reconnu coupable. De plus, Wei Sun, un ingénieur chinois naturalisé américain qui travaillait dans le secteur de la défense pour Raytheon, a également été condamné à une peine de prison en 2020. Il a été accusé d’avoir emporté en Chine un ordinateur de l’entreprise contenant des informations sensibles sur un système de missiles américain.
Huawei est un exemple marquant de cette situation. En avril 2018, les États-Unis ont accusé cette entreprise chinoise, qui fournit des technologies et des réseaux de télécommunication à divers opérateurs, d’avoir des liens avec les services de renseignement chinois. Par conséquent, Washington a interdit à Huawei et à ZTE, un autre géant chinois des télécommunications, l’accès à son marché intérieur. En décembre 2022, environ une demi-douzaine d’entreprises chinoises étaient touchées par ces restrictions.
En 2021, le gouvernement chinois a été accusé par les États-Unis, leurs alliés et l’OTAN d’avoir orchestré une attaque informatique de grande envergure contre Microsoft, le géant de l’informatique. L’objectif de cette opération était d’accéder aux courriels et de s’approprier des informations confidentielles appartenant à des particuliers et à des entreprises. Selon Washington et divers articles de presse, le département de l’Énergie, des services publics, des entreprises de télécommunications et des universités auraient également été la cible d’attaques informatiques chinoises. Des experts en sécurité et des responsables du renseignement de pays occidentaux soutiennent que la Chine a acquis une expertise dans le piratage des systèmes informatiques de nations rivales afin de dérober des secrets industriels et commerciaux.
En 2022, l’utilisation de TikTok a été interdite au Sénat et à la Chambre des représentants des États-Unis, suite à un scandale impliquant l’espionnage de deux journalistes par ByteDance, la société mère de TikTok. Une enquête a été lancée par le Sénat français au début du mois de février. Claude Malhuret, sénateur et président du groupe Les Indépendants, déclare que “la loi chinoise impose à toute entreprise de collaborer avec les services de renseignement chinois”. TikTok nie les allégations d’espionnage. Les données des utilisateurs européens seront prochainement stockées en Irlande, mais la société ne précise pas si les autorités chinoises auront accès à ces informations.
Les services de renseignement allemands ont émis une mise en garde contre l’espionnage industriel de la Chine. Bruno Kahl, le président du Service de renseignement extérieur allemand (BND), a alors souligné la nécessité de rester vigilant face à la “migration de connaissances” en provenance d’Allemagne.
Selon M. Kahl, la Chine cherche à s’approprier le savoir scientifique et économique allemand par le biais de cyberattaques, dans le but d’atteindre son objectif de devenir la première puissance mondiale en 2049, année du centenaire de l’arrivée au pouvoir des communistes, comme l’a rapporté l’AFP.
L’espionnage industriel est perçu comme un moyen de stimuler l’économie chinoise et de la rendre plus compétitive et moins dépendante des grandes puissances occidentales, y compris les États-Unis, dans des secteurs tels que l’aérospatiale et l’équipement aéronautique, les nanotechnologies, les produits pharmaceutiques et la bio-ingénierie.